
Rencontrer Claire Supiot-Garçon, c’est comme ouvrir un livre sur la vie. Déjà médiatisée, on a l’impression de la connaître ; et pourtant, il y a encore tellement à lire …
Si vous voulez vraiment tout savoir sur ses plusieurs vies, la biographie de Claire est déjà disponible dans les bonnes librairies…
Alors du coup on a fermé le livre et puis on a parlé …
Qui es-tu aujourd’hui Claire ?
Je suis une maman de 3 enfants (Greg – 33 ans, Alison – 31 ans et Steve – 29 ans).
Je suis la mamie de Helena qui a 3 ans et demi.
Mariée avec Fred depuis 2 ans et demi, nous formons une joyeuse famille recomposée avec 6 enfants. C’est la Mifa !
Une première fois nageuse de haut-niveau …
J’apprends à nager vers l’âge de 5 ans en suivant mon frère au club d’Angers ; je m’essaie aussi au tennis mais la natation me choisira finalement.
A 14 ans, je pars en sport-études à Dinard sous la houlette de Jacques Meslier. C’est une belle rencontre et une aventure qui me mènera au haut-niveau dans les années 1984-1988 (multi-championne de France) avec pour apogée la participation aux Jeux Olympiques de Séoul au 200m papillon. « Supiot, quand tu entreras dans le stade, tu sauras pourquoi tu t’es entraînée ! ». C’est la marque de fabrique de Jacques que j’ai gardée en tête toute au long de ma vie et de ses épreuves.
Au cours de cette première carrière, je partage la vie de cette enthousiaste famille de la natation française en côtoyant les clubs d’Angers, de Clichy en 1985 puis le Racing Club de France en 1988. Des liens d’amitiés profondes et durables se tissent dans cette belle génération de nageuses et nageurs : on en reparlera plus loin…
… puis une seconde fois !
En 2008, je découvre celui que j’appelle aujourd’hui mon co-locataire : on découvre que je suis porteuse de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, un patrimoine génétique partagé dans ma famille.
Forte du soutien de mon entourage, je retrouve d’abord le chemin de la piscine par l’aquagym 2 fois par semaine avec mon amie et voisine Annick. Et petit à petit, je retrouve une habitude, une routine qui me convient et qui dépasse la question de la motivation, qui surpasse la question de l’envie de rempiler pour un entrainement intensif : et oui, évidemment, l’aquagym ne me suffira plus très rapidement ! Une seconde carrière de nageuse de haut-niveau se dessinait donc mais cette fois-ci sous la bannière handisport.
Alors référente handicap, mon statut de sportif de haut-niveau m’a permis d’aménager mon activité professionnelle à 50%.
Les premiers résultats ne tardent pas dès 2016 au point de tenter la qualif pour les jeux paralympiques de Rio de 2016.
En 2018, je remporte la médaille d'or du 50 mètres nage libre aux Championnats d'Europe de natation handisport à Dublin. En 2019, aux Championnats du monde de natation handisport à Londres, je remporte la médaille de bronze du 100 m nage libre et du 50 m nage libre en catégorie S8.
Et voilà que je deviens la première athlète française à participer aux Jeux Olympiques et Paralympiques dans la même discipline : j’ai l’immense joie de me qualifier aux Jeux paralympiques de Tokyo aux 100m et 400 m nage libre, 200 m quatre nages et 100 m papillon.

Comment te relances-tu dans une seconde carrière ? Quel est cet entourage qui te soutient tant ?
De fin 2015 à septembre 2024, je m’entraîne à nouveau 2 à 3 fois par jour, le tout souvent complété par les différentes séances de préparation mentale et physique (ostéo, kiné,..).
Accessoirement, j’avais envie de connaître cette nouvelle natation qui a évolué, notamment au niveau du matériel : l’existence aujourd’hui des combinaisons par exemple.
Mais tout ça est essentiellement une question d’environnement autour de moi : une histoire de famille et d’entourage. D’abord parce que c’est mon frère qui m’a entraîné.
Et puis toute cette team qui s’est construite au fur et à mesure autour de moi, au gré des besoins, qui transforme mon projet en aventure humaine : c’est finalement et avant tout de belles rencontres, de personnes qui avaient le même objectif que moi. Beaucoup sont devenues des amis, comme Richard Renault-Auster (docteur en psychologie du comportement) ou encore Jacky Gauthier (Directeur de l’IPSA - Institut de Professionnalisation Sportive Angevin) pour la préparation physique, pour ne citer qu’eux. Ils m’aident encore d’ailleurs dans mon rebond de carrière professionnelle (voir plus loin).
Bien entendu, il y aussi le kiné, l’ostéo, la nutritionniste… bref, tout le monde reste à l’écoute dans cette période un peu charnière, tout comme ma fille Alison aussi : une vraie équipe pluridisciplinaire de compétition bienveillante.
Et puis la question du financement s’est aussi posée pour que toute cette team puisse performer ; des partenaires privés et publics ont été mobilisés … c’est aussi là que l’esprit des Dauphins resurgit, cette entraide que nous sommes capables de mobiliser pour l’autre. « Dans cette idée de Dauphins de Cœur, de partage, Sophie Kamoun m’a beaucoup aidé avec son réseau au nom de notre amitié. Je lui en suis vraiment reconnaissante, elle m’a fait de beaux cadeaux, car oui, chercher les partenaires et sponsors à gauche, à droite, c’est du job ! Merci Sophie pour son soutien, pour les beaux évènements vécus à l’occasion des regroupements d’athlètes que Sophie accompagne. Cette âme-ci de regroupement, c’est Sophie ! Et qui pousse les partenaires à être présents dans les moments mais aussi dans les moments difficiles.
Cette amitié sportive de longue date qui se transforme aussi en formidables Dauphins de Cœur.
Toute une génération de nageurs qui a vécu une tranche de vie ensemble, c’est ça que je retrouve avec les Dauphins de Cœur.
Ce petit noyau des Dauphins qui naît, ce rassemblement de potes, certes des Dauphins du sud au début, mais en fait pas que. Les Dauphins de Cœur ratissent large et cette ambiance festive et amicale, on se rappelle surtout le bon côté de ces moments de natation … c’est ça qui compte pour moi et que je trouve porteur : il reste quelque chose de nos années de natation, et ça au-dessus de la pratique même. C’est là que je m’y retrouve avec les Dauphins de Cœur, ce fil conducteur qui nous relie, nous connecte avec facilité et sourire. Tu vois, nous sommes là aujourd’hui, on se rencontre alors qu’on ne se connaît pas et paf, on se connecte en un rien de temps parce cet environnement commun, ces souvenirs, ces ambiances, ce vécu, cette vie commune et ces émotions familières et partagées… c’est cette continuité qui fait qu’on se parle.
Les Dauphins de Cœur, c’est toutes ces personnes chères à notre cœur : on partage ça, et c’est le cœur même de la natation et ce qu’il y a autour qu’on retrouve dans le banc des Dauphins.
Tu nous parles de l’association Espérance ?
L’association Espérance s’occupe de personnes touchées par le handicap psychique et intellectuel, et/ou en situation d’exclusion et en besoin d’intégration sociale.
Quand Lamour et Boc m’ont appelé en novembre dernier avec l’idée de voir les Dauphins de Cœur soutenir une association handisport, je me suis dit qu’il y avait aussi des situations de handicap « social » qui peuvent concerner beaucoup plus de monde qu’on ne croit, car non exprimé et quasi-invisible. Nous vivons tous des moments difficiles dans notre parcours de vie qui nous perturbent, nous déséquilibrent et nous rendent fragiles, c’est-à-dire finalement aussi en situation de handicap mais momentané. Il s’agit de bien de « situations », temporaire ou définitive, d’ailleurs bien décrites par la loi de 2005.
Les Dauphins de Cœur qui soutiennent l’association Espérance, c’est faire le lien entre fraternité et handicap, c’est pousser la porte et permettre de libérer la parole jusque dans le banc des dauphins : c’est tellement chouette de pouvoir parler et s’exprimer en toute amitié dans ce groupe de potes ! Et oui : c’est bien de vouloir aller aider à l’extérieur, mais toute cette énergie vers l’extérieur peut aussi être dirigée au sein même du groupe de copains c’est-à-dire regarder à l’intérieur, entre nous, ce que chacun vit et ressent.
Il y a l’extérieur, et il y a nous : c’est ça qui m’importe. Ça peut paraître bizarre, mais le handicap, c’est tellement riche et je souhaite tellement que ce soit partagé entre nous. Alors oui, on n’est pas chez les bisounours ! Mais si on ne le dit pas, ça ne pourra jamais évoluer !
Pour découvrir davantage l’association Espérance : Association Espérance | Partage – Passion – Vivre ensemble
Mais alors, aujourd’hui, que deviens-tu professionnellement parlant ?

Après 9 ans de soutien du Département comme sportive de Haut-Niveau, je reprends aujourd’hui une activité professionnelle à 100% au Conseil Départemental de Maine-et-Loire dans mes missions de référente handicap auprès des agents du Département en relation avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique (FIPHFP), créé par la loi de 2005, et avec lequel nous travaillons à la rédaction d’une convention.
Compte-tenu de mon handicap, ce travail à 100% est aménagé avec du télétravail tout en passant du temps sur le terrain avec les agents et les professionnels de la santé (médecin, centre médico-social,…) dans l’optique du maintien dans l’emploi, de la (ré)-insertion de personnes en situation de handicap ou encore accompagner les managers.
Et ce qu’il est important de comprendre, et qui compte pour moi dans mon action de sensibilisation dans la politique interne de la Collectivité, c’est que l’on parle de tout type de handicap, qu’il soit physique ou psychologique …
Une dernière chose ? L’actualité peut être ?
Ma biographie est sortie en septembre dernier et je suis ravie de voir mon histoire écrite, pour moi, mes enfants, les personnes qui comptent pour moi. Soutenue par une amie journaliste, elle est écrite au plus juste de mes propos.
J’aimerais intégrer le Comité Départemental Olympique et Sportif de Maine-et-Loire en abordant le sujet de la Citoyenneté, c’est pourquoi j’envisage de poser ma candidature.
Et puis je suis très heureuse de vous annoncer que nous préparons mon jubilé avec le soutien du Département du Maine-et-Loire et de la Mairie d’Angers où les thèmes de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, de la violence faite aux femmes et le harcèlement scolaire seront mis en avant. Restez connectés pour connaître la date
Note de l’association:)
1 - S’il fallait trouver un adjectif pour décrire Claire ? Naturelle pur jus !
2 - Rencontrer Claire ? C’est être à donf et faire le plein d’émotions !
3 - Il paraît que les Dauphins de Cœur en vivent … (voir la page « qui sommes-nous « de notre site web) ~ Parce que le sport, c'est vivre des émotions.
~Se retrouver, c'est perpétuer ces émotions.
~Et donner, c'est encore faire le plein d'émotions.
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